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Rencontre avec Cécile Gironnay

Cecile gironnay

Cécile est maman d’une petite fille, photographe, mais aussi en formation de sage -femme, une belle personne très inspirante avec qui j’ai eu envie d’échanger.

Voici son témoignage :

Pourquoi avoir choisi d’accoucher à domicile ?

J’ai toujours entendu autour de moi des récits d’accouchements traumatiques, très compliqués. Je n’avais jamais entendu personne parler positivement de son expérience de naissance. Ma propre naissance avait été très compliquée pour ma mère et pour moi, qui en ai gardé des séquelles pendant quelque temps. Je n’avais pas vraiment envie d’avoir un enfant, et si cela venait à se présenter, j’avais en tête de choisir une césarienne dite « de convenance » afin de ne pas vivre tout cela. Et puis, je suis tombée enceinte une première fois (avant d’avoir ma fille). Mon chéri m’avait alors parlé de la naissance dans l’eau, il m’avait montré une vidéo et j’avais trouvé ça absolument incroyable : les expériences de naissance à la maison, dans l’eau, dans une ambiance tamisée et décontractée, c’était possible ! Je ne savais d’ailleurs même pas qu’il était légal et possible de donner naissance à la maison… Au fur et à mesure de mes recherches, de mes lectures, j’ai acquis de nombreuses connaissances concernant la naissance et plus largement la périnatalité. Il m’est alors apparu absolument évident que j’allais donner naissance à ma fille. En fait, au fond, je crois que ce qui me faisait peur, c’était l’hôpital, tout ce milieu de blouses blanches qui vous disent quoi faire, le fait d’être un numéro parmi tant d’autres… J’ai beaucoup travaillé sur moi pour me détacher des récits traumatiques qui m’entouraient et j’ai commencé à cultiver le positif et à me concentrer sur mon bébé, mon couple, la famille que nous allions former. Je savais que j’allais vivre une expérience positive, comme pour guérir ma lignée de femmes, pour panser ma propre naissance…

Que dirais-tu à une maman qui a envie de le faire mais qui a peur de complications.

Je lui dirais avant tout de se renseigner, de chercher les bonnes sources, d’apprendre la physiologie de la naissance, de comprendre de quoi a réellement besoin une femme qui enfante. Je lui dirais aussi que les complications sont souvent liées à l’interventionnisme, mais encore plus subtilement, liées au fait même de quitter sa maison. Michel Odent le dit si bien, la première intervention consiste à quitter sa maison. Pour enfanter, sereinement et sans complications, la femme a besoin d’être en confiance, réellement, de pouvoir lâcher prise, d’avoir un environnement, un entourage soutenant, de ne pas se sentir observée, en danger…

Quelles sont les techniques auquel tu crois vraiment pour faciliter une naissance libre ?

Ne pas être observée avant tout et se trouver dans un espace protégé, ne pas être dérangé par une quelconque personne. Lorsque nous donnons naissance, nous savons les mêmes besoins que lorsque nous faisons l’amour : intimité, pénombre, chaleur, ne pas être dérangé et se sentir en sécurité. Donner naissance met également en jeu les mêmes hormones que celles présentes durant les rapports sexuels. 

Je ne crois pas aux techniques, mais plutôt à la sagesse intérieure, à la connaissance de soi, à la confiance en soi et à son bébé. Donner naissance est un acte naturel, à condition que la femme ne soit pas dérangée et se trouve dans un milieu qui lui est familier et dans lequel elle se sent en sécurité. 

Nous avons tendance à considérer la douleur comme étant quelque chose de négatif, une sensation à éliminer à tout prix. Or, l’intensité, la douleur est parfois nécessaire et se trouve être un indicateur. Cela peut notamment être le cas lors d’une naissance. Certaines femmes la ressentiront avec plus d’intensité que d’autres, certaines t’accueilleront mieux que d’autres, tout cela est très personnel mais est également très lié à notre conditionnement culturel, sociétal. Et si nous voyions la naissance comme étant une expérience positive, d’empowerment, une expérience intense, au lieu de parler en premier lieu de douleur ?

Une fois que le bébé est né, la femme va devoir sortir le placenta. C’est un moment crucial, qu’aucun évènement extérieur ne doit venir perturber. La femme aura besoin que sa bulle soit préservée à tout prix, afin de lui permettre de libérer les hormones nécessaires à l’expulsion du placenta et afin de ne pas provoquer une éventuelle hémorragie de la délivrance. Il est important que le bébé soit en peau à peau sur sa mère, il peut téter pour favoriser les contractions. Adopter des positions verticales aidera également à faire sortir le placenta, grâce à la gravité. 

Certaines huiles essentielles peuvent accompagner la naissance : la sauge sclarée notamment utilisée en massages sur le bas du dos pourra venir en support pour les contractions. La lavande en diffusion ou en massages sur le bas du dos aidera à se détendre.  Certaines familles optent pour le placenta lotus. Il s’agit de garder bébé relié au placenta, jusqu’à ce que le cordon se détache de lui-même. Ce choix est souvent fait pour ses aspects spirituels. En effet, il est dit que laisser le bébé relié à son placenta, considéré comme son jumeau, son premier chakra, lui permettra une incarnation optimale sur Terre. Si cette façon de faire ne parle pas à tout le monde, j’aime quand même rappeler que dans nos sociétés, nous avons tendance à négliger un aspect très important : le bébé à besoin de recevoir tout son sang avant que nous coupions le cordon, qui a tendance à être clampé et coupé bien trop rapidement, privant ainsi le bébé d’une grande partie de son sang. On parle même d’un tiers de son volume sanguin qui pourrait ainsi lui être enlevé… Le mieux est d’attendre plusieurs dizaines de minutes, que le cordon ne batte plus et que tout le sang du bébé lui soit revenu après la naissance. Contrairement à de nombreuses croyances véhiculées, nul besoin de se hâter pour couper le cordon !

Quelles sont les contradictions que tu vies aujourd’hui en formation « classique » de sage femme ?

Je suis en profond désaccord avec le système, le paradigme médical, les peurs qu’il véhicule, l’infantilisation des femmes, des familles, la maltraitance institutionnelle subtile et celle à peine masquée. Je me détache énormément de tout ce qui ne sonne pas juste, qui ne résonne pas en moi et je prends ce que j’ai à prendre ! Je me protège et je me créé ma propre réalité.

Quels conseils donnerais tu à une jeune maman pour vivre au mieux son accouchement ?

Je lui conseillerai avant tout de s’écouter elle-même. D’écouter son « soi profond », de déterminer ses réels aspirations et besoins. Je lui dirais aussi qu’il est très important de s’entourer de professionnels qui la respectent et avec lesquels elle adhère. De se détacher de toute source de négativité, de se concentrer sur elle et sur son bébé !

Et son post partum ?

Souvent négligé, le post-partum est un moment crucial qui va venir marquer la vie de la jeune maman et son lien d’attachement à son bébé. Cela est aussi essentiel pour toute la famille… Je lui conseillerais, si elle le peut, de préparer des plats à congeler à l’avance, de faire appel à une doula pour l’aider, l’accompagner et la soutenir dans cette nouvelle vie. Je lui dirais aussi qu’il peut être très important de se renseigner sur tous les maux qu’elle pourrait rencontrer après la naissance d’un enfant afin de savoir comment les accompagner.

Merci beaucoup Cécile pour première interview,
Vous pouvez aller la retrouver et découvrir son univers sur @the_zaibre

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